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17 octobre 2006 2 17 /10 /octobre /2006 20:31

Hmmmmmm ...
Hmmmmmm ...
Comment parler de ce livre sans l'abimer, sans s'abîmer ?
Un écriture majestueuse et sinueuse, une poésie envoutante et douloureuse.

Un livre difficile, je trouve. Il m'aura fallu batailler avec moi-même et me réimposer lenteur et dégustation. Car on ne peut pas lire vite, car on ne peut pas survoler ce livre. Irrémédiablement on s'enfonce dans l'écriture de Sylvie Germain. On s'y enlise, on s'y débat, on s'y repaît.

Magnifique, inoubliable, pesant, trouble, lumineux, terrible ...
Tous ces mots lui vont bien, à Nuit d'or, mais tous ces mots ne lui rendent pas justice.

Je courrais après Sylvie Germain depuis plusieurs années déjà. Parce qu'une amie l'aime tellement qu'elle m'avait effrayée, parce qu'elle a été reçue dans ma bibliothèque avant que je n'y travaille, parce que j'ai plusieurs fois voulu ouvrir ses livres mais qu'une main invisible les refermait à chaque fois. Et c'est la main bien réelle d'Angèle-la-dame-des-eaux qui l'a posé dans la mienne, qui l'a imposé !

"Car pourquoi ne demanderait-on pas un certain effort au lecteur ? On lui explique toujours tout au lecteur. Il finit par être vexé de se voir si méprisamment traité, le lecteur." (Raymond Queneau)

Je n'en dis pas plus, à vous d'ouvrir ce livre à votre tour ...

 

 Le livre des Nuits

Auteur : Sylvie GERMAIN

Editeur : Folio(1985)

 

Fin du XIXe siècle. Saga d'une famille maudite.

Victor-Flandrin Péniel, surnommé Nuit-d'or-gueule-de-loup, vient s'établir dans un hameau entouré de forêts où rodent les loups. Cet homme prendra femme quatre fois et engendrera une nombreuse descendance. Mais autour de lui, l'Histoire du monde s'écoule, de guerre en guerre, une étrange destinée marque ces enfants  et leur père ...

 

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28 août 2006 1 28 /08 /août /2006 22:08

Beaucoup moins lu durant cette deuxième partie de vacances, la faute à la plage bretonne, et aux enfants à surveiller ...

Mais en gros, voilà ce que ça a donné :

 

 Le garçon qui se taisait de Lois Lowry : étrange roman jeunesse, d'une auteure incontournable, plus connue un de ses romans mille fois couronné par la critique, Le passeur (suivi de L'élue et de Messager). Ici, de vieilles photos en noir et blanc (ça plairait à Laure ;o) ) sont le prétexte à un récit assez triste raconté par une vieille femme qui évoque ses souvenirs d'enfance. Au centre de cette histoire, un jeune garçon un peu simplet, et la société américaine du début du siècle. Bien écrit, naïf et tendre.

L’étrangleur d’Edimbourg de Ian Rankin.  Une enquête de l'inspecteur John Rebus. Polar adulte haletant où un tueur mène la police par le bout du nez, et où le passé de l'inspecteur se révèle déterminant. Un très bon moment de détente.

Matilda Bone de Karen Cushman : Roman jeunesse. J'avais beaucoup aimé L'apprentie sage-femme du même auteur. Celui-ci est un poil moins bon parce qu'un tantinet trop documentaire. La jeune héroïne est tour à tour agaçante et attachante, mais c'est tout de même une histoire très agréable (roman d'apprentissage situé dans une Angleterre médiévale sombre et primitive). 

La tête à l'envers de Anne Fine : roman pour ados. L'histoire burlesco-tragique d'un jeune garçon un peu à côté de ses pompes, mais merveilleusement amoureux de la vie et des autres. C'est son meilleur ami qui raconte, avec beaucoup de sensibilité, de fantaisie et de dureté aussi. Un très bon moment.

Kurt et le poisson d’Erlend Loe.  Lecture à 2 voix avec Miss Apolline. Un peu difficile pour elle niveau écriture, et surtout, j'ai l'impression qu'elle n'a pas accroché avec l'humour nordique de l'auteur. C'est une petite bonne femme très pragmatique, et là, elle n'a pas vraiment cru à cette histoire de tour du monde familial, alors que moi, j'ai adoré !

Falaise d’Olivier Adam  : Que du plaisir et des frissons à la relecture de ce magnifique roman de ce magnifique auteur ! Une histoire familiale tragique et sombre, des drames à la pêle, et la vie qui malgré tout fait son chemin vers la lumière. Ne ratez pas la découverte de cet auteur très proche par son écriture d'un autre de mes chouchous, Arnaud Cathrine.

 

Le retour du professeur de danse d’Henning Mankell, mon auteur de polars suédois préféré. Cette fois, l'inspecteur Wallander n'appraît pas, mais c'est carrément un excellent roman, meilleur d'ailleurs que L'homme qui souriait (un autre Mankell que j'ai lu le mois dernier). Une histoire de vengeance sur fond de mystère lié à la deuxième guerre mondiale. Impossible de le lacher une fois le roman commencé, je le recommande les yeux fermés !

On se reverra ? de Ed Franck, illustré par Carll Cneut : sorte d'ovni, entre le roman et l'album. Les illustrations sont une merveille (pour découvrir l'illustrateur, allez faire un tour sur le site http://www.ldj.tm.fr/cneut/movie.html ). Le récit raconte la rencontre improbable entre un collectionneur de jouet et une petite fille très perturbée, dont l'histoire se révèle peu à peu, et nous étouffe tant elle est triste. Un de ces livres à faire passer aux plus grands, à lire d'un seul souffle à voix haute par exemple, et à digérer tout seul dans son coin, son jouet favori à la main. Un petit bijou.

 

 Bon, il m'en reste un que je tiens absolument à lire (Un ovni entre en scène, de Jonas Gardell), mais je suis déjà bien contente d'avoir eu le temps de découvrir tous ceux là : que du bonheur ! C'est l'intérêt des lectures sélectionnées au fil des mois et qu'on se met de côté, bien au chaud, en attendant les beaux jours !

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12 août 2006 6 12 /08 /août /2006 12:29

L’avantage, quand il fait moche, c’est que je n’ai plus aucun scrupule à passer mon temps à bouquiner …

En temps normal, j’essaie de me limiter aux moments calmes, quand les enfants sont couchés et qu’il n’y a rien d’autre d’urgent à faire. Mais là, les orages, le feu dans la cheminée, et les enfants calmement installés autour des jeux de société me poussent inexorablement vers ma pile de livres à dévorer …

 

Déjà, au moment de faire ma valise, j’avais fait mon tri habituel : les livres à lire absolument (qui attendent depuis des mois), les livres à lire pour le boulôt (pour préparer une animation, parce que je sais qu’ils sont incontournables, parce que le prochain comité de lecture est en septembre, …), les livres-détente (polars, SF, …), les livres à découvrir avec les enfants (petits romans, superbes albums, …). Et donc, au moment de faire les valises (bis), ça représente un gros sac de livres soigneusement choisis, en général j’en emmène le double de ce que je pourrai décemment lire. Gourmandise, quand tu nous tiens …

 

Bref, pour cette semaine pluvieuse, voilà ce que ça donne :

 

Les rois du monde, d’Hélène Vignal : petit roman à partir de 8 ans. Magnifique histoire d’un départ en vacances inespéré, avec une maman qui court partout, quatre enfants qui n’ont jamais vu la mer, raconté par le cadet des 4, un petit garçon farfelu. Beaucoup de tendresse, réalisme et fantaisie enfantine se côtoient sans jamais tomber dans le mélo larmoyant. Très réussi.

 

La maison du scorpion de Nancy Farmer : roman-thriller-SF pour ados-adultes. 400 pages dévorées en un clin d’œil, avec un personnage central qu’on ne quitte pas d’une semelle, et des personnages secondaires extras. Une histoire de clonage dans un futur pas si lointain, avec en trame de fond le commerce de l’opium, un monde déliquescent, et un patriarche fou à lier. J’ai adoré.

 

Ainsi rêvent les femmes de Kressman Taylor : cinq nouvelles pour adultes. J’y ai retrouvé tout ce que j’aime de cet auteur : le réalisme, la fragilité, la pudeur, dans 5 portraits de personnages confrontés à la cruauté extrême des rapports entre les êtres. Du même auteur, l’incontournable Inconnu à cette adresse, et Ainsi mentent les hommes.

 

Entre les vagues de Claudine Galea : court roman pour ados-adultes. Une amitié dévorante entre deux garçons qui n’attendaient que de se rencontrer. Troublant et fort, comme une vague qui vous emporte. Très belle écriture.

 

Anansi Boys de Neil Gaiman : pavé pour adultes, genre impossible à définir (fable ? fantastique ? épopée homérienne ? thriller ?). Auteur absolument génial, de romans mais aussi d’albums pour grands grands enfants (genre moi ;o) ). Univers totalement déjanté, parfois un peu déstabilisant, mais que l’on déguste avec passion. Une histoire familiale pas banale … Livre très étonnant qui m’a convaincue de foncer sur son best-seller American Gods qui a reçu mille et un prix littéraires.

 

En haut du poteau de Bjørn Ingvaldsen : roman pour ados-adultes. MAGNIFIQUE ! Triste, tragique même, et pourtant étonnamment détaché, sans doute parce que porté par la voix d’un enfant de 11 ans, qui saisit la réalité à sa façon, et nous la fait accepter peu à peu. L’auteur est norvégien, et j’ai retrouvé le plaisir de cette écriture typique des romanciers du nord de l’Europe.  En gros, une histoire d’amitié entre deux jeunes garçons parallèlement à la maladie destructrice de la mère du personnage principal.

Et puis, on vous en reparlera quand on aura fini :

-         En cours de lecture avec Apolline : Kurt et le poisson d’Erlend Loe

-         En cours de lecture avec Théophane : Gisella et le pays d’avant de Mordicai Gerstein

-         Superpapa a fini L’étrangleur d’Edimbourg de Ian Rankin (on vous le racontera à deux, j’en ai profité pour le lire aussi)

-         En prévision pour Supermama : j’hésite entre relire Falaise d’Olivier Adam et démarrer Le retour du professeur de danse d’Henning Mankell, mon auteur de polars suédois préféré.

 

 

 Et vous, de belles rencontres littéraires cet été ?

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2 août 2006 3 02 /08 /août /2006 03:59

Dans ce roman taillé au scalpel, trois récits s'entremêlent et se répondent. Celui de la guerre, d'abord, qui ressurgit de la mémoire du narrateur et personnage principal, Kostia : l'instant irréversible de l'attaque du blindé qui va le laisser défiguré.

Il y a ensuite le récit au présent de la recherche d'un soldat, Serioja, par trois de ses anciens camarades. 

Le troisième récit est une vague de souvenirs d'enfance du narrateur, qui éclaire toute l'histoire, et parsème d'ironie et de tendresse le champ de bataille du présent.

Dans un style qui déjoue avec légereté le pathétique de son sujet, l'auteur évoque avec beaucoup d'ironie la vie quotidienne d'une société en panne. Mais si l'univers de Guelassimov est amer, il ne cesse de croire pour ses personnages en une sorte de rédemption. 

J'ai aimé l'humanité fragile condensée dans ces souvenirs tragiques, et pourtant follement porteurs d'espérance.

Andreï Guelassimov est né en 1965 à Irkoutsk. A la fin de ses études de lettres, il suit les cours du metteur en scène Anatoli Vassiliev, et soutient une thèse sur Oscar Wilde. Il a enseigné la littérature anglo-saxonne à Moscou, où il vit actuellement.

 

 La soif

Auteur : Andreï GUELASSIMOV

Editeur : Actes Sud (2004)

Traduit du russe

Thème(s) : amitié ; guerre ; alcoolisme ; identité ; famille

 

 

Constantin, un jeune soldat russe, est revenu de la guerre en Tchétchénie avec le visage monstrueusement brûlé  à la suite de l'explosion de son tank. Pour oublier, il va se mettre à boire comme les Russes savent le faire : à mort. Jusqu'à ce que deux camarades de combat viennent sonner à sa porte : il se relève et tous trois partent sur les routes de Russie à la recherche d'un autre vétéran qui ne tourne pas rond, un certain Serioja.

 

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19 juillet 2006 3 19 /07 /juillet /2006 03:29

C'est avec une plume aux métaphores éblouissantes que Bi Feiyu nous introduit dans l'intimité de ce destin manqué. Le narrateur de ce très court récit revient sur sur le vain combat de son ami, disparu à vingt-huit ans : envoyé sur le front lors du conflit sino-vietnamien de 1979, le jeune Hongdou traverse cette expérience potentiellement héroïque comme un cauchemar. Impuissant à répondre au modèle et aux valeurs qu'on lui impose,  il sombre dans la folie.


Ce roman bouleversant est un hommage rendu à ceux qui n'ont pas la force de vivre en dehors des chemins qui ont été tracés pour eux. La société chinoise dans laquelle Hongdou évolue possède en effet des codes familiaux, sociaux et traditionnels écrasants. Il n'y a pas d'issue possible pour qui voudrait s'y soustraire. Mais comment vivre sans être à sa place, sans espoir de la trouver jamais ?

L'écriture de Bi Feiyu alterne réserve et impudeur, silence et horreur.  Chaque mot compte, et le texte est saisissant.  Ce roman dense et fulgurant se lit d'un trait, et laisse longtemps son empreinte sur le lecteur.

Ecrivain et journaliste chinois, Feiyu Bi est un des talents les plus singuliers de la jeune littérature chinoise. Né en 1964, il a passé sa jeunesse à la campagne, et commencé à écrire très jeune. Ses courts romans lui ont valu plusieurs prix littéraires chinois. Son thème de prédilection est la confrontation de l’individu avec l’histoire, personnelle ou collective.

 

 De la barbe à papa un jour de pluie

Auteur : Bi Feiyu

Editeur : Actes Sud (2004)

Traduit du chinois

Thème(s) : amitié ; guerre ; folie ; identité

Hongdou n'est pas celui qu'il aurait dû être, et il n'est pas non plus celui qu'on aurait voulu qu'il soit : fils d'un héros de la guerre de Corée, sa sensibilité extrême cadre mal avec les valeurs masculines qu'on prétend lui inculquer. Il glisse lentement vers la folie ...

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 07:38
ou quand un livre inutile se fait indispensable ...
 

Aimez-vous les dictionnaires ? Certaines ne s'en cachent pas, comme notre Missmio préférée. D'autres vivent leur passion honteuse, en feuilletant leur cher dico au p'tit coin ...

Ce coup de coeur pour tous ceux et celles qui aiment apprendre des choses tous les jours sans rien avoir prévu de spécial, lire des choses a priori inutiles mais qui se révèlent primordiales, trouver dans le même ouvrage :

* la liste des maris de Liz Taylor

* le nom des lignes de la main

* les apparitions d'Hitchcock dans ses propres films

* les degrés de la franc maçonnerie

* les pluriels des noms composés

...

Un régal d'humour british : de quoi briller (à peu de frais) en société lors d'un dîner entre amis, ou ennemis !

Il faut lire ce livre à petites touches, toujours l'avoir avec soi, s'en repaître avec la conscience de son imprévisible absurdité et de son absolue nécessité ...

"C'est une bien triste chose que de nos jours, il y ait si peu d'informations inutiles."

Oscar Wilde

 Les miscellanées de Mr. Schott

Auteur : Ben SCHOTT

Editeur : ALLIA (2006)

Thème(s) : définitions ; papillonnage scientifique ; savoir encyclopédique

Du latin miscellanea (choses mêlées, mélanges scienctifiques ou littéraires) ... Petit livre inclassable et indéfinissable, constitué d'une foultitude d'informations de toutes sortes, sans aucun rapport entre elles. A la fois sérieux dans l'inutile, expert dans l'anecdotique, et très fantaisiste dans le choix des connaissances !

 

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 08:31

Avare

M'alléger
me dépouiller

réduire mon bagage à l'essentiel

Abandonnant ma longue traîne
de plumes
de plumages
de plumetis et de plumets

devenir oiseau avare
Ivre du seul vol de ses ailes

Michel Leiris

(poème écrit en 1944,
paru dans Haut Mal,
Poésie/Gallimard, 1969)

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5 juin 2006 1 05 /06 /juin /2006 14:01

Foudroyée

Je suis foudroyée par un attentat

Foudroyée par L'attentat, de Yasmina Khadra

Attentat.JPG

Il faut lire ce livre pour en comprendre toute la violence, toute la pudeur, tout l'humanisme.

Yasmina Khadra, comme son nom ne l'indique pas, est un homme, désormais connu et reconnu dans le monde entier comme l'une des plus importantes voix littéraires du monde arabe.

Je le découvre pour la première fois avec ce roman, malgré les multiples ouvrages qui ont déjà fait son renom. Et ces quelques courtes heures passées ce matin à le lire, au travers de ce livre magnifique, m'ont bouleversée.

Ne passez pas à côté de cette lecture brûlante qui nous en apprend long sur la vie.

 L'ATTENTAT

Auteur : Yasmina KHADRA

Editeur : Julliard (2005)

Thème(s) : guerre ; conflit israélo-palestinien ; amour 

 

 

Dans un restaurant bondé de Tel-Aviv, une femme se fait exploser au milieu de la foule. Toute la journée, le docteur Amine Jaafari, chirurgien brillant, natualisé israëlien mais d'origine arabe, soigne les innombrables blessés qui affluent après cet horrible attentat. Jusqu'à ce qu'on lui demande de venir reconnaître le corps de la femme kamikase ...

 

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24 avril 2006 1 24 /04 /avril /2006 08:44

Aujourd’hui, j’ai envie de vous faire partager un de mes coups de cœur , un petit livre que j’ai redécouvert à l’occasion d’une animation que je prépare pour mon boulôt.

Ce coup de cœur est pour le personnage légendaire, mais néanmoins bien réel, qu’était la fameuse Calamity Jane, et les magnifiques lettres qu’elle écrivit à sa fille Janey de 1877 à 1902.

Maintenant que je vous ai dit "Calamity Jane", je suis sûre que vous pensez immédiatement à une femme extraordinaire, ou encore à une femme sans foi ni loi, en tous cas, à des revolvers, au Far West et à de fameuses poursuites à cheval.

Mais qui était réellement cette femme ?

Hébergement gratuit avec Mezimages.com

Photo prise en 1895 par H.R. Locke :

Calamity Jane a alors 33 ans

 

Le personnage troussé par Goscinny dans les Lucky Luke est à la fois fidèle et tellement loin de la réalité. Car la vie de Martha Jane Cannary, dite « Calamity Jane », semble avoir été plus remarquable que sa légende ! Orpheline et très tôt livrée à elle-même, doit gagner sa vie, alors elle travaille … Mais pas n'importe où : elle convoie des diligences, et part en éclaireur dans les territoires indiens. À une époque très puritaine, où une femme ne se met jamais en pantalon, ne fume ni ne boit d'alcool, Calamity Jane mène une vie tout à fait « scandaleuse » : chercheuse d'or, poseuse de rails, éclaireuse pour l'armée, conductrice de diligence, ou encore serveuse de saloon. Et quand elle tombe amoureuse, c'est encore un destin tragique qu'elle doit assumer, avec l'abandon de son enfant et le deuil du seul grand amour de sa vie, assassiné dans un Saloon.

Alors bien sûr, elle était certainement aussi fantasque qu'on l'imagine, maniait le revolver avec dextérité, noyait ses peines dans le whisky, et avait des manières peu recommandables.

Et pourtant …

Les "Lettres à sa fille" éclairent la femme d'une toute autre lumière : mère désespérée, femme amoureuse et terriblement jalouse, infirmière, aventurière, mythe autant que réalité. Tout chez elle crie la révolte, à commencer par ces pantalons qu'elle porte obstinément, et qui lui permettent de gagner son indépendance en passant pour une originale, et même plus que ça, pour une traînée. Histoire vraie et tragique, épopée au comble de l'humanité, ce livre expose une légende bien vivante, de chair et de sang. Une femme qui veut être libre à tout prix, en équilibre entre son passé et son avenir.

Lorsqu’elle met au monde sa petite fille, elle a 21 ans, et estimant que son style de vie ne lui permettrait pas de l'éduquer correctement, elle décide donc d'abandonner son enfant. Très vite, elle souffre cruellement de l'absence de sa fille et ressent le besoin urgent de communiquer avec elle. Dans ces 27 lettres tendres et intimes présentées dans ce tout petit livre, Calamity Jane concentre tout son amour maternel. La première lettre datée du 27 septembre 1877 commence comme une confession, tellement désespérée et solitaire :

« Ma Chérie, ceci n'est pas censé être un journal, et il se peut même que ça ne te parvienne jamais, mais j'aime penser à toi en train de le lire, page après page, un jour dans les années à venir, après que je serai partie. J'aimerais t'entendre rire en regardant ces photos de moi. Je suis seule dans ma cabane ce soir et fatiguée ».


Une vingtaine d'autres lettres suivront de façon très irrégulière, jusqu'à la dernière écrite en juin 1902, quelques mois avant sa mort, alors que Calamity Jane est quasiment devenue aveugle. Elle a alors 51 ans:

« Je suis malade et n'ai plus longtemps à vivre. J'emporte de nombreux secrets avec moi, Janey. Ce que je suis et ce que j'aurais pu être.»

Lire ces lettres, c’est faire un voyage bouleversant dans l’intimité d’une femme extraordinaire, qui raconte l'histoire de sa vie et dévoile avec une grande lucidité les coulisses d'un Far West légendaire.

Hébergement gratuit avec Mezimages.com « Lettres à sa fille » de Calamity Jane est publié aux éditions Rivages (traduction de l’anglais Marie Sully).

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16 avril 2006 7 16 /04 /avril /2006 00:15
Dédicace particulière à Carole, qui aime ce poème !

 PRENDRE CORPS

 je te tremblante
tu me séduis tu m'absorbes
je te dispute
je te risque je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m'effleures tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques tu les fascines
tu me couvres
je te découvre je t'invente
parfois tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t'épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je ne m'omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m'aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dents je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine
je t'aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues et te veines

je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t'ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t'iris

 

je t'écris
tu me penses

Ghérasim LUCA (1913-1994)

Extrait de Paralipomènes

(José Corti, 1986)

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