Je suis en colère, une rage profonde et intarissable, contre ce qu'il sont fait, contre ce que nous avons laissé faire.

Il est en colère lui aussi, et il mérite qu'on l'écoute jusqu'au bout ...

Fukushima: Message d'un père de famille Français... par GreenCoder

D'autres mots, à lire cette fois :

Fukushima-grippe H1N1 : même logique médiatique

Va-t-on écouter ces messages, va-on enfin entendre, comprendre ?

La rage …
Oui, comme enragés, hors de nous, fous de colère contre cet homme …
J’en tremble encore, le cœur qui bat fort et les mains qui s’accrochent un quelque chose de stable, de fort, de solide.
Il est venu tout à l’heure, à la maison, demander des nouvelles de nos filles … Cet homme, ce meurtrier en puissance.
Lui qui a catapulté notre monospace il y a 6 jours de ça, envoyant dans le décor Superpapa et nos deux filles.
Deux jours d’hôpital pour la petite Isaure, qui s’en tire bien, contrairement à ce que son visage en sang des premières heures laissait paraître.
Le corps tout moulu et le cœur en vrac, pour Superpapa, qui ne parvient pas à éteindre les hurlements de ses filles dans ses oreilles, la terreur du choc, de l’enfermement dans la voiture alors que la fumée envahit peu à peu l’habitacle.
Et une collection de fractures pour notre pauvre Apolline, le bassin tout fracassé, des bleus énormes, et des cauchemars nuit après nuit. Elle a eu le droit de faire sa longue convalescence à la maison, et après Noël, devrait quitter son lit, puis son fauteuil roulant, pour à nouveau aller vadrouiller dans les champs avec ses copines.
Colère, colère contre lui, sa vitesse, son inconscience, sa stupidité. La seule chose qui le sépare du meurtre, c’est notre bon sens et une bonne étoile malgré tout, nous qui avions soigneusement attaché nos filles, la voiture équipée en air-bags, grosse et lourde, mais malgré ça totalement détruite ! Face à une petite voiture sportive toute customisée à la sauce kéké, face à un petit jeune homme à la casquette à l’envers …
Il est venu, il a eu le courage un peu fou de se présenter devant notre porte … Nous l’avons reçu à la mesure de notre peine, de notre colère, à la mesure ce qui aurait pu arriver. J’aurais pu les perdre tous les trois, mes filles et mon homme. Leur vie terminée dans ce froissement de tôle, claquement de doigt et tout s’arrête. Il faudra qu’il comprenne, qu’il prenne la mesure de ce qu’il a fait, ce qu’il aurait pu faire. Nous ne lui faciliterons pas la tâche, ce n’est pas notre rôle. Et même si dès son départ sous nos cris, nous avons eu le cœur tout retourné, pas question de lui laisser voir notre émotion.
Plus tard peut-être, quand il aura payé son dû auprès de la justice.
Après ça, on se sent si fragile, la vie si puissante ne tient tout à coup plus qu’à un fil. Les larmes montent toutes seules, la joie aussi balaie tout. Etre ensemble alors qu’on aurait pu tout perdre, être en vie, même tout cassés, en vie !
On devrait se sentir heureux, sentir combien la vie est précieuse, on le sait pourtant. Mais en prendre conscience si durement … C’est tout à coup bien difficile d’en profiter sereinement …
A chaque jour suffit sa peine, ça ira mieux demain, en attendant, démarches, corvées de papiers, cœurs à réconforter et plaies à panser, et la vie qui continue …

A dix jours de notre grand départ, la fatigue morale et physique se fait cruellement sentir. Entre bronchite et cystite, c'est la grande éclate !

Notre quotidien était déjà bien rempli avant ce grand projet, alors les préparatifs ont été assez pénibles, plutôt pires que ce qu'on imaginait.

 Depuis 3 mois maintenant, nous tentons de démonter-emballer-trier-protéger le contenu de notre maison, et ce n'est pas encore fini ... Visiblement cela étonne autour de nous, et nous, ça nous étonne que ça étonne !   

Ben oui, prenez votre quotidien que vous trouvez déjà surbooké. Ajoutez-y un, voire 2 ou 3 enfants de plus, histoire d'arriver à notre heureux total de 4 marmots en pleine forme, dont une petite poulette d'un an qui n'a jamais aussi mal dormi.

Ajoutez-y des démarches en tout genre, des histoires de notaire, de galères de financement, de changement d'école (et j'en passe) à régler au mieux.

Et maintenant, imaginez qu'en plus, il vous faut démonter les meubles de votre maison (enfin ceusses qui sont démontables), et les emballer (parce qu'on a pris le tarif light du déménagement, mais qu'en contre-partie on fait une grosse partie du taff).

Et qu'en plus de ce plus, il vous faut mettre tout le contenu de la dite maison dans des cartons récupérés ça et là, en tentant d'organiser les choses pour que reste accessible le nécessaire.

Et ... cerise sur le gâteau, il vous faudra stocker tout ça dans votre chez-vous qui était déjà trop petit à la base, et faire l'ensemble de ces menues tâches chaque week-end, vu qu'en semaine les soirées sont déjà torrides, entre devoirs-popotte-tâches ménagères et bébé fatigué. Et que les week-ends en question, semaine après semaine, vous vous dépatouillerez tout seuls avec ce schmilblick, les 4 marmots en pleine forme étant non-stop dans vos pattes, n'ayant pas du tout envie que vous occupiez des cartons, et rendant la tâche encore plus compliquée ...

Alors qui s'étonne encore ?

Bon, on n'est pas desespérés : il nous reste un week-end de 3 jours devant nous, et exceptionnellement, on va passer de 4 à 3 enfants (merci Nadejda, on te bénit !!!).

Zen ...

PS : allez, déprime pas mon chéri, on va y arriver ...