Hier soir, la bibliothèque de NOISY-LE-SEC organisait une rencontre avec Pierre PEJU, à laquelle SUPERMAMA a assisté ... et participé ! Pierre Péju est surtout connu pour son livre La Petite Chartreuse, prix du livre INTER 2003 et dont a été tiré le film du même nom (beau roman mais pas toujours facile de s'attacher à la torpeur presque hébétée qui baigne l'ensemble de ce récit tragique), et pour Le rire de l'ogre qui a reçu le prix FNAC 2005. Mais il a écrit de nombreux autres romans et études critiques. Et c'est justement pour un de ses autres livres paru peu après la naissance de Théophane que j'ai eu un coup de coeur pour cet auteur : Naissances, édité chez Gallimard (collection Haute-Enfance, puis Folio en 2000) Ce livre magnifique et très dur (pas dur à lire du point de vue du style, mais très dur humainement) raconte des naissances singulières, tragiques ou heureuses. Péju porte un regard fasciné sur la femme qui enfante, et essaie surtout de raconter chaque miracle qui accompagne la naissance d'un enfant, quelles que soient les circonstances de cette venue au monde, qui est aussi un moment ambigü où la vie frôle la mort. C'est sans doute ce qui m'a le plus touché dans ce livre, qui dit avec une extrème simplicité, et avec les mots d'un homme (pas banal) ce que la naissance représente, sans pathos, sans emphase, avec une émotion juste et fragile à la fois. Les courts récits qui se succèdent sont très beaux, les deux premiers très noirs mais en même temps d'une grande humanité. Je n'ai pas envie d'en dire plus, ce livre est un petit bijou. Vous pouvez allez voir ce qu'en dit le MATRICULE DES ANGES si vous voulez en savoir plus. Naissance fait partie de ma petite bibliothèque perso, et je le prêterai volontiers à ceux qui m'en feront la demande. Et depuis hier soir, mon exemplaire m'est d'autant plus précieux qu'il m'a été dédicacé par Pierre PEJU lui-même ... Voici, retranscrites comme je les ai notées hier soir, quelques unes des interventions de Pierre PEJU : "Je ressens un certain vertige face à l'idée d'un lecteur qui me lit, et ainsi, me met à nu." "J'ai quelquefois le sentiment qu'écrire c'est sculpter les mots, comme le fait Paul Marlow (personnage principal du dernier roman Le rire de l'ogre) quand il affronte la pierre. De la même façon, d'un texte qui est mon premier jet, je dois creuser, dégager la matière : on est toujours trop bavard. Il y a un travail de réduction à faire qui est comme un travail de sculpture. Pour moi, l'écriture est l'apprentissage du dépouillement." "Ecrire me permet de comprendre. Parler de ce qui me concerne, de sujets graves. Mais je me demande toujours si j'en ai le droit." "Je tiens beaucoup au concept de mal développé par la philosophe Hannah Arendt, présenté comme un phénomène de contamination où chacun est capable de tout, entraîné par la mal. Il faut réaliser la chance que nous avons d'être en paix. Nous n'avons pratiquement pas d'occasion de nous comporter en salop. Il faut savoir désirer et apprécier le bonheur et la chance de vivre en paix." "J'essaie d'avoir par l'écriture une empathie avec des choses que je ne suis pas, avec des choses indicibles, a priori très lointaines." "En dehors du sentiment amoureux, il y a une fascination érotique pour celui qui serait pour chacun de nous une sorte de double. Rien à voir avec l'amour. Un désir pour un être qui nous rappelle une (notre) part obscure, et c'est tout à fait différent de l'amour." | |